Pont Victoria et héritage ferroviaire
Des infrastructures ferroviaires liées à notre croissance
Le pont Victoria et la présence ferroviaire ont initié le développement de la ville de Saint-Lambert. Plusieurs témoins historiques nous rappellent encore aujourd’hui leur importance dans le paysage lambertois.
Bon voyage!
Reliée dès 1852 au réseau de la Champlain & St. Lawrence Railroad Company, compagnie propriétaire de la première ligne de chemin de fer au Canada en 1836, Saint-Lambert fait partie des villes pionnières s'inscrivant dans l'histoire des chemins de fer canadiens.
C’est cette même année (1852) que la Compagnie du Grand Tronc de chemin de fer du Canada est constituée, avec comme mission de desservir le Canada entier grâce aux chemins de fer.
Dès 1853, elle fusionne avec cinq autres compagnies de chemin de fer et, aux suites d’importants appuis financiers britanniques, elle étend considérablement son réseau dans différentes directions.
Début de la construction
À partir de 1854, le Grand Tronc entame la construction du pont Victoria, un chantier titanesque et une prouesse technique tout à fait remarquable pour l’époque. Ouvert en 1859, ce pont, d’abord réservé aux trains, a joué un rôle crucial dans le développement ferroviaire du pays. Il a permis d’unifier les deux parties du réseau du Grand Tronc. La construction du pont Victoria conclut ainsi une phase importante du développement du réseau de chemin de fer québécois et canadien.
Premier pont à enjamber le fleuve Saint-Laurent, cet ouvrage a aussi permis de réduire l’effet de barrière naturelle pour la circulation et les échanges commerciaux que représente le fleuve depuis la colonisation.
Les voitures trouvent leur place sur le pont Victoria
Bien que le pont soit ouvert en 1859, ce n’est qu’en 1879 que la compagnie mettra en service les premiers trains de banlieue permettant de desservir Saint-Lambert. En 1897, suivant l’incorporation de l’entreprise The Montreal & Southern Counties ainsi que l’élargissement du pont, qui permet désormais la circulation des voitures, on imagine un réseau de tramway qui allait permettre de lier Montréal et Saint-Lambert par le pont Victoria. Ce n’est toutefois qu’à partir de 1909 que le service sera inauguré, avant d’être étendu à d’autres villes de la Rive-Sud. Ce nouveau service aura un impact considérable sur l’accélération du développement urbain de la Rive-Sud.
Le pont Victoria, ainsi que les différentes lignes de trains et de tramway qu’on retrouvera sur le territoire de Saint-Lambert ont engendré la construction d’une série d’infrastrures : viaducs, rails, tour de contrôle, panneaux, gare, etc. Ces nouvelles installations représentent alors un moteur économique important et elles exigent désormais la présence de plusieurs corps de métiers : télégraphiste, commis au fret, préposé au guichet, bagagiste, chef de gare, contrôleur, aiguilleur, répartiteur, mécanicien, etc. L’univers ferroviaire est aussi à l’origine d’un langage et d’une ambiance qui lui sont propres : sifflets pour les départs des trains, nuages de vapeur, signaux lumineux, bruit de cloche pour les passages à niveau, rythme dicté par les horaires des trains, etc. Rappelons-nous qu’à la veille des fins de semaine d’été et des congés officiels, les trains du Canadien National, qui engloba le Grand Tronc en 1923, offraient un véritable spectacle à Saint-Lambert. Dans les années 1950, alors qu’entre 80 et 100 trains par jour transitent par les lignes de Saint-Lambert, l’extrémité sud du triangle de virage, était un bon endroit pour regarder, le soir venu, la parade des trains vers l’est et le sud.
Travaux d’aménagement de la Voie maritime du Saint-Laurent
Les travaux d’aménagement de la Voie maritime du Saint-Laurent, débutés au milieu des années 1950, exigent la construction d’une écluse en amont du pont Victoria, à Saint-Lambert.
Pour assurer un transit continu des trains, des véhicules automobiles et des navires, on construit une voie de contournement en amont du pont Victoria. Le résultat final est constitué d’une série d’aménagements très peu communs, dont l’objectif est de dévier la circulation de transit automobile sur l’un ou l’autre des ponts levant, tout dépendant si le navire entre ou sort de l’écluse. Ces travaux d'ingénierie ont eu pour effet de modifier la silhouette d’origine du pont et de ses abords.
Bibliographie
- Booth, Derek J., 1985. Railways of Southern Quebec, Volume 2, Toronto. Railfare Entreprises Limited.
- Lasserre, Jean-Claude, 1980. Le Saint-Laurent grande porte de l’Amérique. Lasalle. Cahiers du Québec Collection Géographie.
- Legget, Robert, 1979. La Voie Maritime. Ministère Approvisionnements et Services Canada.
- Perry, Lorne. 2014. Saint-Lambert - Train de vie. Saint-Constant, Association canadienne d’histoire ferroviaire.
- Thomas Grumley, J.R. 2010. The Montreal & Southern Counties Railway Company (1909-1956), dans Histoire Québec, Vol. 16, no 1. p. 18-20.